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Le blog du PCF de la Communauté d'Agglomération de Sophia Antipolis

Courant d'ère (chronique 27)

L'effort de liberté.

  

L'incertitude politique n'est qu'un pan de l'incertitude des choses humaines en général. Jamais un politologue ne pourra approcher au plus prés les raisons d'une expression politique.
Si la contingence donne la nausée, c'est parce que ramener le multiple à l'un et le différent à l'identique est un préjugé constitutif de l'esprit humain.
La nécessité séduit dans la mesure où elle se donne elle-même les raisons de sa propre nécessité, elle se réfléchit et s'auto-justifie, la preuve étant que l'on recherche toujours le caractère événementiel d'une expression politique : on se raccroche à la contextualité.
Penser en contexte est néanmoins pratique, et à dire vrai indispensable, dans le mesure où le moment de l'expression politique permet d'envisager le degré de réalisation d'une certaine image de la vie en commun.
Le déterminisme est nécessairement un fatalisme, il est plus que jamais urgent de concilier la contingence du politique avec son action réelle.
Si l'Etat ou le Front de Gauche n'ont aucune nécessité à exister, ils pourraient fort bien dépérir dès demain, c'est justement de ce surgissement dans l'existence que la politique tire tout sa force et son intérêt.
Ce qui motive le vote Front de Gauche et lui confère une certaine singularité, c'est qu'il se donne les moyens de distinguer la société de l'Etat, le social du politique.
Ainsi, le Front de Gauche constitue un véritable terrain commun de singulières aspirations existentielles dans la mesure où il rend grâce à ce qui rend tout peuple irréductible, à savoir l'Idée de création sociale.
La politique, au sens propre, n'est rien d'autre que l'éducation sociale de l'humanité. La forme militante que peut prendre la critique de la réalité sociale existante est secondaire, elle n'est pas un principe et devrait tendre, dans l'absolu et de même que l'Etat, à son propre dépérissement au profit de la communauté, lieu de l'humanisation totale.
Nous l'avons compris, c'est de la liberté comme fondement du politique dont il est ici question, liberté voulue par les communistes et saluée par plusieurs milliers de concitoyens.
Le Front de Gauche ne saurait être réductible à ses composantes, les scores en témoignent, mais il est tout entier l'émanation d'une intuition de liberté possible chez ceux qui ne renoncent pas à l'idée de dignité humaine: si le citoyen, abattu, peut encore parvenir à voter, c'est qu'il ne se réduit pas à l'ordre politique qui le soumet. L'abstention historique que nous venons de connaître paraît contredire ce propos, mais abonder en ce sens reviendrait à omettre que c'est à la politique d'être à la hauteur de la société et de ses enjeux, ce serait oublier que le politique survit à la politique, qu'on ne naît pas citoyen mais qu'on le devient.
Cette campagne, destinée à socialiser les individus, s'est effectivement passée dans les caniveaux.
Bassesse et passivité ne sont pas nécessaires, le processus d'indifférence enclenchée par les renégats du politique n'est pas irréversible.
Leur devise, "faire le bien qui est possible et le mal qui est nécessaire" n'est rien d'autre que la justification de ce qu'ils font, faire ce qui est possible n'étant rien d'autre que faire ce qui est fait.
Un Front de Gauche ouvert et résolu, ce qui à tout prendre vaut mieux que naïf et dogmatique, devra méditer la grande leçon de Beckett donnée dans Cap au pire : essayez encore, ratez toujours, ratez mieux!
Voilà une formule féconde qui inspire l'effort de liberté, au-delà de toute sophistique politicienne bercée de certitudes. Rater mieux, voilà ce qui nous solidarise dans notre destination commune.

 

 

Roman Czapski.

 

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