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Le blog du PCF de la Communauté d'Agglomération de Sophia Antipolis

Courant d'ère (chronique N° 69)

Le « jeu » du Front National

 

Nous nous trouvons dans une situation paradoxale. Le seul fait de parler du Front National, de l’évoquer même pour le critiquer de la façon la plus virulente finit par lui donner trop d’importance.

C’est là un état de fait propre à mettre mal à l’aise les journalistes et les politiques qui ne savent plus quelle attitude adopter pour ne pas risquer de faire le jeu du Front National.

Voilà une réalité particulièrement problématique à affronter dans la mesure où le silence ne saurait être davantage une solution à l’heure où les idées qu’il défend ont malheureusement acquis suffisamment d’influence dans la société pour qu’on ne puisse se dispenser de les combattre.

Toute la difficulté consiste à élaborer une stratégie de riposte qui ne se révèle pas à terme contre-productive, tant la situation est ambiguë. L’embarras dans lequel nous nous trouvons est tel qu’on peut en venir à hésiter à se lancer dans une réflexion pareille par peur de ne pas être à la hauteur du danger.

 Il me semble qu’il existe, dans le champ politique dominant couvert par les grands médias, deux formes de réponses aux idées de l’extrême droite qui me paraissent être toutes les deux inappropriées et inefficaces.

Il est à peine besoin de présenter la réponse de l’UMP, si tant est d’ailleurs que l’on puisse encore parler de réponse.

Nicolas Sarkozy en donne chaque jour un exemple édifiant depuis son élection en 2007 : il s’agit pour lui de siphonner les voix du Front National au profit de la droite classique en reprenant et en traitant d’une façon qui se veut présentable les thèmes de l’insécurité et de l’immigration.

Sans parler de l’indignité de la méthode, son inefficacité parle d’elle-même. L’UMP a simplement réussi à banaliser les idées du Front National sans leur porter de vrai coup dur et sans s’accaparer durablement des électeurs qui préfèrent en dernière instance l’original à la copie.

On ne peut pas dire que la réponse du Parti Socialiste et d’Europe Ecologie soit plus pertinente. Se limitant au mieux à une opposition moralisante, elle s’est illustrée ces derniers temps dans un amalgame vaseux autour du concept de populisme permettant à une élite bien-pensante de mettre dans le même sac Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, amalgame dont le couronnement se situe sans doute dans le récent dessin de Plantu dans L’Express.

 Ces deux formes de comportement à l’égard du Front National, quoique relevant de stratégies politiques différentes, ont pour point commun de le laisser parvenir à ses fins. La droite ne change que la forme sans s’attaquer à la substance et la gauche tiède ne propose que mépris à l’égard d’un peuple privé de perspective politique qui dans son désarroi peut en arriver à être touché par le discours du Front National.

La réponse du Front de Gauche, quant à elle, ne fera pas le jeu du Front National parce qu’elle sait que le Front National n’est pas un jeu. Seule la construction d’une alternative forte à gauche, à l’écoute des attentes populaires, peut éloigner définitivement les vieux démons de l’extrême droite.  

 

Jean Quétier.

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